Kazimierz Pomagalski, né le 24 février 1938 à Lipsko en Pologne, vit et travaille entre Forcalquier et Varsovie.

Diplômé en 1965 de l'école des Beaux-Arts de Wroclaw, c'est en Suède, en 1076, que Kazimierz Pomagalski expose ses œuvres pour la première fois grâce à son mécène suédois, Paul Person. Le soutien de ce mécène lui permettra, trois ans plus tard, de participer à une exposition à Aix-en-Provence réunissant cinq peintres polonais et cinq peintres espagnols. Depuis, il partage sa vie entre la Pologne et la France.

Métamorphoses du réel

Ce sont des maelströms tranquilles et profonds. Des tumultes atmosphériques qui se métamorphosent en mouvements de foule. Soudain, sous le regard insistant, s'humanise le profil d'un sommet, le versant d'une montagne. Il y a aussi ces apparitions visionnaires qui font basculer la réalité du côté du rêve, le physique dans le métaphysique. Autant de paysages en apparence qui révèlent une autre image, un monde derrière le monde, un monde dans le monde, et cela suffit pour que le tableau ouvre sur une autre chose : ailleurs, symbolique, univers intérieur, monde surnaturel. Mais d'abord, devant les œuvres de Kazimierz Poma, peintre polonais né en 1938, il y a le sentiment d'une ample peinture lyrique et musicale, à la palette riche mais pas dispersée, aux sonorités sombres et chaudes. Il y a la certitude de découvrir un créateur d'univers. Et, dans cette découverte, de la joie et de la surprise. La surprise, elle est dans l'impossibilité, ou tout au moins dans la difficulté qu'on a à situer ce travail. Il puise largement dans la tradition de la peinture (Vélasquez, Le Gréco, Les Maniéristes, les Romantiques), dans la tradition du grand genre, même celui de la peinture relieuse et de la peinture d'Histoire. Et il est à la fois contemporain dans sa facture. Pas de pastiche, pas de à la manière de, chez Poma. Aucune nostalgie rétro d'un certain métier de peinture. Plutôt une filiation, un héritage dont il tire le meilleur profit et qu'il vient, à son tour, enrichir. D'où, la joie, ce plaisir de l'âme que procurent ses toiles où s'inventent un univers de mythes, de légendes, où s'offre l'idée du "passage", au sens initiatique du terme. Où quelque chose se dit de l'homme et de sa quête face au monde.

Harmoniser le chaos. Maîtrisant parfaitement ses compositions, qu'elles soient à l'huile ou à la gouache, orchestrant magistralement formes et couleurs, distribuant les rythmes, donnant toute sa puissance et sa profondeur à son geste, Kazimierz Pomagalski, ce démiurge, harmonise de plus le chaos. Ainsi, ses œuvres, pleines de ciel, de nuées et de sommets chahutés, hantées de présences énigmatiques, retentissantes de grondements et d'échos, suspendues au bord du silence, suggèrent bouleversement et paroxysme, avec mesure et, lenteur et douceur. La violence et la quiétude, pour reprendre l'un des titres de Pomagalski.

On voit tous les écueils qui pourraient guetter cette peinture savante, chargée de références, qui se paie même le luxe de nous donner, mais oui, une idée du sublime, chose incroyable dans l'art d'aujourd'hui : la théâtralité, la séduction facile, la rhétorique, voire un certain académisme. Or, tout ceci est miraculeusement évité. Reste une peinture dense, forte, profondément humaine, ouverte à toutes les conjonctures et interprétations. C'est là, sans doute, le plus grand des mystères du peintre.

Nelly Gabriel,

Journaliste au Figaro

Face à notre époque entièrement tournée vers l'annihilation de la vie, il est plus que salutaire, il est même bénéfique de contempler les œuvres picturales et de méditer sur les dessins de Kazimierz Pomagalski.

Si, au premier regard, il s'en dégage une impression de monotonie et de répétition, à bien y réfléchir, on en conclurait qu'elles manifestent une volonté non démentie, un souci bien assuré de se situer à l'instant crucial et subtil de l'éclosion vitale : soit au tréfonds du sombre minéral, soit la jonction du végétal et de l'animal, soit dans les troubles atmosphériques.

C'est donc au sein du mystère et de l'ombre que s'élaborent des formes promises à la nouveauté, toujours bourgeonnantes, toujours hésitantes à se façonner. Néanmoins, nulle mollesse, nulle mièvrerie en cela. Ce que confirment les dessins qui offrent une image plus sèche et réticulée, qui affirme et promet un réel solide mais non opaque, qui consolide l'être humain et le rassure sur sa condition.

Certes, l'artiste, dans la thématique sur l'ombre, le mystère, l'énigme et, par contrecoup, le spectateur, le questionnera sur son inspiration : où trouvez-vous vos idées ? Telle est la question qu'on pose fréquemment à l'artiste, comme s'il existait une formule capable, une fois qu'on la tient, d'ouvrir les vannes de l'imagination créatrice. Quoique l'inspiration vienne parfois par éclairs, dans cette zone floue entre le sommeil et la veille, la plupart des idées ne naissent pas des hasards du rêve. L'imagination est, selon lui, une qualité qu'il faut cultiver au même titre que l'habileté technique. Plus on l'emploie, plus elle est prompte à réagir à la plus subtile stimulation : des nuages, des ombres, une fenêtre ouverte et un rideau qu'agite un coup de vent, une silhouette entrevue du coin de l'œil peuvent produire l'étincelle.

Les tableaux amènent invariablement certaines questions : que veulent-ils dire ? Quelle est l'histoire que vous racontez ? Parfois les réponses coulent de source, parfois, il y en a plusieurs, et parfois, il n'y en a pas. Mais aucun des tableaux ne livre un message complet. Le mélange des humains et de créatures différentes d'eux est destiné à créer l'imagination chimérique du possible et de l'impossible, de l'humain et du non-humain.

La matière de ses tableaux doit nous toucher à plusieurs niveaux, et, comme la conscience elle-même, révéler une incessante variété de possibles découvertes.

Alain Chabaud

2015, texte pour la Maison Bleue

Expositions personnelles (103)

2017 - France, Arles, Palais de l'Archevêché – Peintures et dessins

2016 - France, Forcalquier, Centre d'Art Contemporain Boris Bojnev– Peintures et dessins

2016 - Pologne, Walbrych, le château de Kziaz – Peintures et dessins

2016 - Pologne, Lipsko, Centre Culturel – Peintures et dessins

2016 - Pologne, Varsovie, La maison d'Artiste – Peintures et dessins

2015 – France, Rennes, la Maison Bleue – Dessins

2013 - Pologne, Radom, musée d'Art Contemporain – 3ème rétrospective, peintures et dessins

2007 - France, Forcalquier, Centre d'Art Contemporain Boris Bojnev

2ème rétrospective, peintures et dessins

2006 - France, Châteauneuf-le-Rouge, musée d'Art Contemporain Arteum – peintures et dessins

2005 - Allemagne, Cologne, galerie Lichtoff – peintures

2005 - France, Salon-de-Provence, musée de Provence – peintures

2002 - Allemagne, Berlin, Französiche Kunst Galerie – peintures

2000 - Suisse, Genève, galerie Stalder – peintures

1999 - France, Lyon, galerie l'Embarcadère – peintures

1999 - Italie, Florence, galerie Il Punto – peintures

1993 – France, Aix-en-Provence, espace Sainte-Catherine – peintures et dessins

1992 - France, Paris, galerie Accatone – peintures et dessins

1992 - France, Aix-en-Provence, galerie Prévoté – peintures et dessins

1990 - Belgique, Bruxelles, galerie Sextius – peintures

1990 - France, Aix-en-Provence, fondation Vasarely – 1ère rétrospective de peintures

1990 - France, Orléans, Centre d'Art Contemporain – peinture

1989 - Autriche, Steyr, galerie Schnittpunkt – peinture

1989 - France, Aix-en-Provence, galerie Prévoté – peintures et dessins

1988 - France, Aix-en-Provence, galerie Prévoté – peintures et dessins

1987 - France, Aix-en-Provence, galerie Prévoté – peintures et dessins

1985 - Allemagne, Offenbach, das Kunst Haus Galerie – peintures

1985 - Angleterre, Londres, studio 68 – gouaches grand format

1985 - Pays-Bas, Utrecht, Crediet en Effecten Bank – peintures

1984 - Belgique, Bruxelles, galerie Art Souillé – peintures

1984 – France, Paris, galerie Zoé Cutzarida – peintures

1982 - Espagne, Castellon de la Plana, galerie Canem – peintures

1981 - Pologne, Varsovie, galerie Uniwersalna – peintures

1980 - Espagne, Orense, Studio 34 – peintures

1976 - Suède, Hastholmen, galerie Sigbrit - peintures